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L'illusion des erreurs

Un résumé du livre "Thinking fast and slow" de Daniel Kahneman, 2011
Partie II

La loi des petits nombres

Si on vous dit que les meilleures écoles sont de petites tailles, vous pensez sûrement que c'est parce qu’elles sont petites qu’elles sont meilleures.  Cela va de soi... N'importe quel élève bien encadré réussit. Et pourtant, les plus mauvaises écoles sont aussi celles qui sont de petites tailles.  Étonnant, n'est-ce pas?
La raison est simple.  Comme ces écoles ont peu d'effectif, il est plus probable que tout les élèves soient excellent ou au contraire qu'ils soient tous mauvais.  Avec un dé, on a plus de chance de faire que des 6 si on lance un dé trois fois plutôt que dix, non?

Des idées ancrées?

Existe-t-il un lien entre votre numéro de téléphone et le nombre d'éléphants en Côte d'Ivoire?
Certainement pas! Pourtant si l'on vous demande de donner votre numéro de téléphone et ensuite d'estimer, le nombre d'éléphants en Côte d'Ivoire vous donnerez un nombre en fonction de la grandeur de votre numéro de téléphone.  Votre estimation sera différente de celle que vous donneriez si on vous demandait d'abord, le nombre d'éléphants en Côte d'Ivoire, et ensuite votre numéro de téléphone.  Plus grande si votre numéro à beaucoup de gros chiffres 9 et plus petite sinon.

Même si notre cerveau sait qu'une information est inutile, il ne sait pas l'ignorer.
Dans le marchandage, annoncer un prix plus petit que celui que l'on est prêt à payer fera diminuer les attentes du vendeur, qu'il le veuille ou non.   On a vu dans la partie précédente que l'ancrage des idées était multi-sensoriels, c'est à dire qu'une idée peut être ancrée par la parole, la vue (d'un prix), le mouvement (de la tête), l’odorat (peut être testé dans certaines grandes surfaces) etc...

L'attention ou la disponibilité

Essayez de répondre au question suivantes.
Quand avez-vous mangé du foutou pour la dernière fois?  En mangez-vous souvent? Citer les 4 dernières fois où vous en avez mangé.

Maintenant... mangez-vous du foutou aussi souvent que vous le pensiez?
Votre certitude, exprimé par la réponse à cette dernière question, sera d'autant plus faible que vous aurez lutter pour vous souvenir des 4 derniers foutou que vous avez mangés
En général nous sommes certain de ce dont on se souvient facilement et c'est contraire au nombre d’événements dont on se souvient.
Plus on cherchera les dernières fois où l'on a mangé du foutou et plus on réalisera qu'il est difficile de se souvenir.  En conséquence, on sera de moins ne moins sûre d'en avoir manger souvent.
Conclusion, si vous voulez vous convaincre de quelque chose, limiter les exemples.

Les stéréotypes

Imaginez que l'année dernière, vous aillez rencontré un pasteur qui vous ai avoué être un escroc repenti.  Qu'est-ce qui vous étonnerait le plus aujourd'hui?  Qu'il soit devenu un pasteur aimé par de ses fidèles?  Ou un pasteur aimé de ses fidèles mais qui détourne un peu d'argent en douce?
A mon avis, si vous ne croyez pas communément au miracles, la deuxième option vous semblera plus probable, plus cohérente.  Mais, en y réfléchissant un peu plus, la première option n'exclue pas la seconde.  C'est donc, en toute logique, la première option qui est plus probable.

En fait, l'idée de l'escroc repenti en pasteur cadre mieux avec l'idée qu'il reste un peu d'escroc dans le pasteur.  Ainsi, la deuxième option colle avec ce stéréotype bien qu'elle soit plus spécifique que la première.

La régression vers la moyenne, qué za quo?

D'après les psychologues, les encouragements sont plus efficaces que les remontrances.  Malheureusement, ce n'est pas toujours en accord avec le bon sens. 
Si on félicite Awa qui obtient 19/20 en mathématique et que l'on gronde John qui a 1/20, il y a plus de chance que John s'améliore, non?

Dans le contexte scolaire, il est facile de voir pourquoi et ça n'a rien à voir avec les remontrances.  John peut s'améliorer en ayant une note de 3, 5 ou plus.  Awa, elle, risque de faire moins bien au prochain examen.  Cependant, même si sa note diminue, elle diminuera moins que si on l'avait grondée, par exemple pour ne pas avoir été parfaite.

En fait en général, toute chose qui se répète tend vers la moyenne. C’est ce que l'on appelle en psychologie "la régression vers la moyenne" et en statistique "la loi du grand nombre"...

Dans un autre registre: "nous sommes nés poussières (d'étoiles) et l'on retournera poussières (d'étoiles)".

Nos erreurs sont des illusions cognitives

Nos erreurs de jugement sont souvent dues au mode de fonctionnement de notre cerveau et en particulier à ce que Daniel Kahneman appelle le Système 1.  Ce système cognitif associe tout et n'importe quoi. Il cherche  la cohérence au prix de la raison.  Lorsque l'environnement est perçu de façon cohérente, répétitive, il l'ignore. Ce Système est sensible à la nouveauté et à l'insolite.
Il s'agit peut être du fruit de l'évolution de l'Homme devenu un animal rationnel.

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