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Les ``mauvais'' souvenirs

Notes de lecture "Thinking fast and slow" de Daniel Kahneman, 2011, §28
Nos très très lointains ancêtres étaient de petits mammifère craintifs, vivant principalement la nuit pour échapper aux prédateurs (les dinosaures en particulier). Aussi, avons-nous peut être hérité de réflexes cognitifs basés sur l'évitement et la recherche de la sécurité.

La peur

Il y a de nombreux exemples qui montrent que nous sommes plus motivés par la peur (de perdre) que par la volonté (de gagner).

Les économistes, Devin Pope et Maurice Schweitere ont étudié les golfeurs et leur réussite.  Les statistiques ont montré que les pros du golf réussissaient mieux lorsqu'il fallait éviter un bogie (pénalité) que faire un birdie (avantage). 

Dans le golf il semble donc que nous soyons plus efficace pour éviter la perte que pour obtenir un gain.  On pourrait peut être généraliser aux sports collectifs en remarquant que les attaquants sont souvent mieux payés que les défenseurs.  C'est parce que marquer / attaquer est moins naturel et donc plus difficile ou extraordinaire que défendre.

Les taximen de New-York,  se fixent une recette journalière.  Lorsqu'il fait beau et que les clients sont rares, ils travaillent longtemps pour atteindre leur recette. Par contre, les jours de pluie, les clients sont nombreux et la recette est rapidement bouclée.   Beaucoup de taximen rentrent alors chez eux plus tôt.
On peut se demander pourquoi les taximen ne travaillent pas plus lorsqu'il y a beaucoup de clients et moins lorsque les clients sont rares ? Est-ce parce qu'ils sont motivés par la peur de ne pas faire leur recette et non de faire un maximum de profit?

Ce qui dit l'imagerie médicale. 

La zone du cerveau qui s'active lors d'une perte (symbolique ou financière) est celle liée à la douleur physique.
Cependant si une perte est justifiée, par exemple si le prix d'un article est jugé raisonnable, alors les zones liées à la douleur ne s'activent pas.  
zones du cerveau activées (circulation sanguine accrue) par la douleur
Les zones du cerveau propres aux plaisirs physiques s'activent aussi pour les gains et les bonus.  On remarque cependant un lien plus faible que celui reliant perte et douleur. 

Prendre en compte la Nature de nos goûts.

John Gottman (expert en relations amoureuses) conclus qu'il est plus simple de réussir sa vie amoureuse en évitant les conflits qu'en les réparant.  La peur de conflits récurrents risque de détruire le couple.

Paul Rozin (expert en dégoût) ne s'étonne plus
qu'un succulent fruit posé dans un plat de mouches ne nous fasse pas saliver alors qu'une mouche posée sur un fruit suffit à nous dégoutter.
 
Les sociologues expliquent ainsi pourquoi un visage joyeux se fond dans une foule en colère alors qu'un visage en colère se voit facilement dans une foule joyeuse.

Quant à l'éthique et au droit, le professeur Eyal Zamir suggère que nous adaptions nos lois afin de mieux protéger ceux qui perdent par rapport à ceux qui ne gagnent pas.   En effet, nos pertes sont plus douloureuses que les "non-gains".

Finalement, peut être devrions nous tous faire comme le mathématicien Pierre-Louis Lions pour qui il faut toujours minimiser plutôt que de maximiser. 
``le mieux est l'ennemi du bien''

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